Elle est là, assise sur ce banc que je vois chaque matin … ce banc, mon vieux complice, lui qui garde encore en mémoire les premiers baisers de ces amoureux aux gestes incertains et aux regards tremblants. Ce banc que je regarde chaque matin comme pour me plonger dans ses souvenirs. Ca banc autour duquel gravite encore des instants éternels que seuls ceux qui les ont laissés peuvent voir en revenant par ici. Il est comme ça des endroits chargés de mille parenthèses, de mille moments d'émotion. Ceux qui vont là pour ouvrir leur propre parenthèse ne soupçonnent pas le nombre d'autres "je t'aime" que ce banc a porté, aidant même les plus timides des soupirants en évitant à leurs jambes de défaillir. Ce n'est pas seulement un banc, c'est un livre de contes. C'est une fenêtre qui s'ouvre sur nos instants passés. Pour l'heure, Elle est en train d'accrocher une fenêtre qui donne sur "nous". Elle dessine notre parenthèse. Je l'aime aussi pour cette attention.
Je jette négligemment le téléphone dans lequel sa voix vient de s'éteindre pour laisser place à un la électronique. Elle m'appelait juste pour attirer mon attention sur l'église à côté de laquelle le banc se trouve. Juste pour que je la remarque. Juste pour m'attirer à Elle. A présent que je la vois, Elle a raccroché et se lève lentement. "Je ne crois que ce que je vois" … mais, parfois, même en voyant on n'arrive pas tout de suite à croire. Comme si la réalité était trop belle, trop forte pour que notre conscience arrive à l'intégrer. Sans doute parce que la voir en face de moi, c'est comme faire le plus beau et le plus fou des rêves. Je ne fermerai pas les yeux, mais je me laisserai porté par ce rêve.
Ne pas courir. J'ignore pourquoi, et encore moins comment, je suis arrivé à réfréner mon envie de courir dans sa direction. Mes jambes auraient-elles eu peur de défaillir ? Aurais-je moi aussi besoin d'un banc pour oser mes "je t'aime" ? Peut-être. Toujours est-il que je me suis avancé vers Elle sans précipitation mais avec tout de même une certaine hâte. Nous nous regardions en avançant, nos sourires prêts à s'accorder, nos cœurs réinventant la samba en y ajoutant un air de tango et de slow, donnant un ensemble étrangement harmonieux. Je ne me souviens plus exactement ce que je me suis dit en parcourant la vingtaine de mètres qui nous séparaient. Mes pensées étaient embrouillées, elles s'agitaient dans mon crâne comme autant d'enfants au moment de découvrir le pied du sapin constellé de cadeaux tant attendus. Mes pensées n'étaient pas claires, certes, mais n'est-ce pas toujours le cas quand on est sur le point de sombrer dans le sommeil pour y retrouver ses rêves ? N'y a-t-il pas un passage obligé au travers les brumes insondables de notre intellect ? Un peu comme pour nous éviter de bien voir le chemin qui mène vers ce monde onirique où tout est possible. Cet endroit est secret et l'entrée est bien cachée. Seules quelques bribes de mes réflexions nébuleuses me reviennent : "Elle est tellement belle", "je l'aime tant", "Dieu qu'Elle doit m'aimer pour ainsi venir ici malgré tout", "merci, mon Cœur, d'être là".
Elle est là, juste devant moi. Aussitôt, nous nous prenons dans les bras et nous serrons fort. Il n'y a pas un seul endroit au monde où je me sente mieux que dans ses bras. Ca fait quelques temps que je dis qu'on se correspond vraiment bien et que nous sommes faits l'un pour l'autre. Mais je n'en reste pas moins surpris et émus à chaque fois qu'un nouveau détail vient me conforter dans cette idée. C'est très compliqué à expliquer mais même nos bras semblent avoir été faits pour nous serrer l'un l'autre. Quand Elle est dans mes bras, je sens que ceux-ci sont … souriants. J'adore la prendre dans mes bras et j'adore être dans les siens. Non seulement je l'aime de tout mon cœur, mais je l'aime aussi de ton mon corps. D'ailleurs, quand Elle n'est pas près de moi, Elle me manque aussi physiquement. Ma peau s'est épaissie. Elle était avant composée du derme et de l'épiderme. Aujourd'hui, elle s'est enrichie d'une strate supplémentaire, une couche de plus … sa peau. Quand Elle n'est pas là, sa peau manque à la mienne.
La suite ? Elle n'appartient qu'à Elle et moi. Ou peut-être juste à moi si tout ceci n'était effectivement qu'un rêve. D'ailleurs, ce doit être ça, ce doit être un rêve pour que je puisse vous en parler. Souvenez-vous, je ne peux pas vous parler d'Elle, c'est impossible.
Je l'aime
L'Oursin Vert
lundi, juillet 31, 2006
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5 commentaires:
L'objectivité ... là est la question ... En tous les cas c'est le genre de rencontre hyper romantique dont rêvent toutes les femmes ... L'Amour "cliché" où tout se passe dans le meilleur des mondes quelqus instants de solitude pour deux amoureux devenus seuls au monde le temps d'épisodiques parenthèses de bonheur ... C'est vraiment un très beau texte ...
Mais il est vrai que tu va innonder tes douces admiratrices de fantasmes de tendresse et je dois bien avouer que j'en fais partie ...
Le coeur de l'océan
En fait, malgré toute l'affection que je porte à mes "admiratrices", il n'y en a qu'une pour qui je veux vraiment que ces messages soient une caresse ...
L'Oursin Vert
Tu n'as jamais pensé à écrire pour les autres? En dehors de ce blog je veux dire... Etre écrivain de rue ou ce genre de chose...
Alors là, Papy, c'est un de mes rêves :-) J'adorerais faire ça mais je ne m'en sens pas vraiment le talent. Et puis, c'est pas évident de se lancer.
Par contre, si quelqu'un a une commande à passer, qu'il n'hésite pas :-p
L'Oursin Vert
Tiens ça me rappelle une première fois. Et une 2em, et .. plein de fois en fait :-p
Je ne sais bien sur pas l'écrire comme ça, mais c'est presque ça à chaque retrouvaille. Bon, le truc maintenant c'est qu'on ne se quitte plus :-p
ps: merci Eliotte/Gol de confirmer.
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