jeudi, juin 29, 2006

Ma vie dans un bocal

A la demande générale de une personne, me voici de retour sur ce blog. Il est d'ailleurs amusant de constater que je suis le seul au monde à avoir une voisine qui tambourine à la cloison qui tente de nous séparer en criant : "Mais c'est pas bientôt fini ce silence ?!?". Trop cool ma voisine.

Mais de quoi vais-je bien pouvoir parler ?

En fait, mon problème c'est que je n'aime pas parler de choses trop personnelles sur un lieu aussi public qu'un blog. Sans doute par pudeur ou, tout simplement, par peur de ne pas vous intéresser / amuser / surprendre car ma vie est normale (j'en entends qui rient là-bas au fond !!! Bon, c'est vrai, ma vie est tout sauf normale et morne mais bon, ce qui s'y passe n'intéresse que moi … et ceux qui rient au fond, donc).

D'habitude, pas de problème, je plonge dans mes pensées et y trouve de quoi créer un texte, une histoire, une bêtise de plus à mettre en mots. Mais là, depuis quelques temps, quand je vais voir mes pensées, je ne trouve plus personne. Plus aucune pensée de libre. Nada. Elles sont toutes aux immanquables des utilitaires Peug… euh … non, pardon, trop de Padoumba quand j'étais petit … elles sont toutes scotchées à la vitre qui donne sur mon plus beau rêve. Elles sont là, façon poisson rouge étonné, jouant les ventouses en admirant ce qui fait tant palpiter mon petit cœur de doux rêveur. Il faut dire que je les comprends … il est tellement beau mon rêve …

C'est décousu comme post, non ?

Oui, donc, toutes mes pensées sont prises par un sujet super personnel dont je ne peux pas parler en public (pour les réponses, ou plutôt tentatives de réponses, évoquées plus haut). Alors comment je fais, moi, pour écrire quelque chose ? Bon, c'est vrai, j'ai toujours la possibilité de fouiller dans ce que j'ai vu / entendu / lu / bu –hic- mais le hic, justement, c'est que le choix n'est pas très joyeux. Si je veux vous parler de l'actualité, par exemple, j'ai soit le foot (et là il n'y a que la victoire du Brésil qui m'intéresse pour des raisons … euh … de voisinage :-p ), soit cette horreur de plus dans le monde de la violence sur les enfants. Et là, pour ce qui est du deuxième sujet, j'avoue avoir un peu de mal à en parler sans devenir agressif au point de faire peur à mon clavier. Et puis, en plus, si je vous parle de choses tristes, il s'en trouvera encore pour me dire que je ne fais jamais dans le joyeux et que je suis super loin de le Tata-Yoyo-Attitude. Autrement, j'aurais pu vous parler des grands singes d'Afrique mais je me suis endormi après seulement 10 minutes d'Ushuaïa hier (Nicolas, si tu lis ceci, ne te vexe pas, ce n'est pas de ta faute. C'est juste la conséquence d'une trop grande accumulation de sommeil qui finit par me rendre narcoleptique (euh … et merci, Nicolas, de me lire, ça me fait super plaisir (euh … à moins que tu ne sois là pour approfondir le sujet des grands singes … gloups … ))).

Donc voilà, je n'ai rien à dire :-) "Heureusement", diront ceux qui ont déjà souffert pour arriver à la fin de ce post :-p

Je retourne donc auprès de mes pensées histoire de baver encore mollement face à mon rêve.

L'Oursin Vert

jeudi, juin 22, 2006

Vénus - Mars ... long voyage

Brève de l'Express, n°1863, semaine du 18 au 24 mai 2006

C'est désormais prouvé : les hommes n'écoutent pas les femmes. Ils n'y peuvent rien, ont démontré des scientifiques de l'université britannique de Sheffield. Non seulement les voix féminines, à la tessiture plus complexe, n'activent pas la même zone de leur cerveau que les voix masculines, mais leur décodage exige une activité plus intense de la matière grise de ces messieurs. Résultat : passé les premières minutes, ils relâchent leur attention.

Ben ouais, je fais du copier-coller des fois :-p

L'Oursin Vert

vendredi, juin 16, 2006

Pépites

Parmi les quelques sites que je visite de façon régulière, il en est un que je trouve à chaque fois très bon et dont j'ai toujours eu envie de vous parler. Ce n'est pas un blog comme les autres mais juste une belle collection de pensées, de réflexions, ...

Bref, en lisant les derniers billets de ce blog, je suis tombé sur une magnifique pensée sur les livres que je vous ... euh ... livre :-)

" La lecture vous permet de contrôler, de gouverner et d'orienter votre intérieur. Si vous n'avez pas ce gouvernail, vous n'avez pas la moindre idée de votre intérieur étant donné que vous ne vous êtes jamais regardé dans un livre. La littérature est féconde car elle nous permet d'éduquer notre propre conduite. Elle apprend la diversité des êtres. Si vous avez lu quelques livres, vous savez que vous serez confronté à des caractères très différents, à des gens insupportables même, et qu'il faudra vous arranger avec eux. L'existence de l'autre vous est davantage révélée par les livres que par vos proches. Lorsqu'on lit ou qu'on apprend des choses par cœur, petits, on ne les comprend pas sur le moment, mais quand elles nous reviennent plus tard, une fois que l'expérience est passée dessus, on en découvre la saveur et le sens, et on y trouve même des consolations. Combien de gens en prison ont tenu bon grâce à des souvenirs de textes appris par cœur. " Dixit l'écrivain Michel Tournier, qui vient de publier " Les vertes lectures ", un essai sur la littérature enfantine. (Le Figaro Magazine, 27/05/06)

L'article vient de .

L'Oursin Vert

D'hommage

A tort ou à raison
(Raymond Devos)

On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc, j'avais raison ! Par conséquent, j'avait tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu'ils avaient raison. C'est-à-dire que moi qui n'avais pas tort, je n'avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu'ils avaient tort ! J'ai raison, non ? Puisqu'ils avaient tort ! Et sans raison, encore ! Là, j'insiste, parce que ... moi aussi, il arrive que j'aie tort. Mais quand j'ai tort, j'ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes tort !!! J'ai raison, non ? Remarquez ... il m'arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison aussi. Mais, là encore, c'est un tort. C'est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort. Il n'y a pas de raison ! En résumé, je crois qu'on a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort !

jeudi, juin 15, 2006

Folie Lynienne

La folie Lynienne : théorie

Prout-Prout, ma voisine adorée, est-elle folle ? Et, surtout, est-ce que la folie dont elle serait atteinte pourrait être suffisamment spécifique pour en conclure qu'il existe une folie Lynienne ?

Bien sûr, je pourrais en appeler à votre bon sens et à votre simple sens de l'observation pour argumenter le "oui" auquel je crois dur comme œuf. En effet, quoi de plus évident que cette folie qui pousse notre Lyn à se faire appelée "Prout Prout" ? Et que dire du fait qu'elle parle régulièrement avec … un oursin !?!

Mais bon, le simple bon sens ne peut satisfaire la rigueur scientifique qui me caractérise et il m'importe donc à présent de construire une démonstration qui nous mènera vers les chemins irréfutables d'une certitude absolue Amen.

J'ai donc mené mon enquête :-) Voici, pour commencer, une preuve à ajouter au dossier. Ca ne prouve en rien que l'accusée est coupable mais ça me fait rire. En effet, en cherchant "Lynda + folle" dans Google, je suis tombé sur ceci Ce qui est amusant, c'est de voir l'association de "Lynda" et de "La plante" qui n'est pas sans nous rappeler l'étrange trouble contagieux dont souffre la maman de l'accusée. Enfin bref, cet élément ne vous apportera pas la preuve de la folie de Prout Prout. En revanche, ce qui suit, Mesdames et Messieurs les jurés, votre Honneur, public chéri, mon Amour (euh … ça me rappelle quelque chose ça, non ?), c'est ce qu'il convient d'appeler du lourd. Et même du très très lourd. Regardez plutôt ce que j'ai trouvé dans les écrits de l'accusée. Tout ce qui suit est rigoureusement authentique et provient de son blog que vous pourrez consulter à loisir.

Le 17 avril 2006, dans un billet intitulé ".Dilemme.Point.Com", vous déclarez :
Je me rends compte que pour quelqu'un qui ne me connaît pas je dois avoir l'air plutôt euh... bizarre, voire compliquée... eh bien dites-vous que c'est bien plus qu'une simple impression lol

A cette même date, dans un autre article intitulé ".Vie.Sentimentale.Prout.Prout.", on peut lire :
Ah oui: la dernière possibilité c'est que vous n'avez rien suivi à mon histoire, et là aussi c'est très possible. Mais rassurez-vous, ça veut probablement simplement dire que, contrairement à moi, vous êtes sain d'esprit.

Dès le lendemain, vous récidivez en écrivant, dans ".Questionnaire.De.ProuT." :
Quel est votre trait de caractère principal ? Impulsive, instable, (...)

Le 22 avril, on peut lire ".Stupid.Me" dans lequel on trouve :
Pourquoi faut-il que régulièrement je refasse cette erreur consistant à essayer de manger à nouveau quelque chose que j'ai déjà goûté et que j'ai détesté?

Le 26 du même mois, vous écriviez ".Yep.Yep.Vive.Myself.", un autre billet dans lequel on trouve ceci :
Allez avouez que je suis trop forte (et vachement tordue aussi, mais on ne va pas trop s'attarder sur cet aspect aujourd'hui :D )

Le 17 mai, vous atteignez les cimes de la folie avec un article qui restera à jamais dans les livres de psychologie ".Planto-Social.Ou.Les.Evénements.Palpitants. De.Mon.Incroyable.Vie.". Dans ce texte, voici ce qu'on peut lire :
(Parlant de la pathologie obsessionnelle des plantes) Alors quoi, ça y est? Je suis atteinte moi aussi? C'est grave Docteur??
Je me permets de vous renvoyer à la toute première pièce du dossier.

".Le.Retour.De.La.Femme.Invisible. (Prout)" a été livré aux lecteurs le 29 mai et décrivait un peu plus votre caractère :
je suis Gémeaux et si vous allez lire les caractéristiques des Gémeaux ben ils ne font pas partie des signes zodiacaux très très stables, ce serait plutôt parmi les plus instables en fait.

Et tout dernièrement encore, le 14 juin, vous écriviez un ".Brasiiiiiiiiil.Point.Com." dans lequel vous faisiez le promesse suivante :
je me baladerai habillée uniquement du drapeau brésilien dans les rues de ma ville

Voilà, votre Honneur. Voilà, Mesdames et Messieurs les jurés. Voilà, chère assistance dans laquelle on compte les psychologues, psychiatres et autres psychopompes des plus illustres. Oui, voilà qui est vraiment Lyn. Voilà le vrai visage de Prout Prout (on parle encore de visage avec un tel surnom ?). N'avez-vous pas là les preuves irréfutables de sa folie ? Mieux, vous en avez les aveux. C'est pourquoi je demanderai à la cour d'être sévère dans son jugement. Je réclame, pour l'accusée, la peine à perpétuité qu'elle purgera par écrit dans les blogs. Et, surtout, je demande à ce qu'elle soit à jamais vêtue du drapeau brésilien et qu'elle reste, bien entendu, ma voisine pour la vie :-p

Bon, maintenant, on est en droit de se demander si le fou n'est pas celui qui vient de relire tout son blog juste pour trouver les quelques extraits ci-dessus ;-)

L'Oursin Vert

mardi, juin 13, 2006

Dingo Dossiers

J'adore les dingues. Le monde sans dingue ça serait comme du Champomy sans bulle, du pain sans Nutella, des nouvelles chaussures sans flaque d'eau, des kinder sans surprise, une journée sans moi :-p, un chant religieux sans solo de cornemuse, une frite … euh … sans les autres frites, un billet sur ce blog sans commentaire, … Bref, les dingues sont indispensables ! Et si en plus ils ont un talent, aussi étrange soit-il, c'est le bonheur.

Voici donc une petite sélection de vidéos nous montrant des loufoques, des tarés, des dingues, des fous, des jongleurs de l'inutile. Il n'est évidemment pas interdit de rire :

Un petit tour dans la piscine, c'est de saison. Et non, ce n'est pas moi sur les images … je n'ai pas de bouée moi :-p

Deux vraies folles comme on les adore. Au fait, l'Ami, j'ai une webcam … euh … comment dire ? … quand est-ce qu'on se fait une vidéo comme ça en reprenant Tata Yoyo ? ;-)

Après Barbie Girl, voici Pepsi Girl qui nous montre le fameux effet d'un mélange cola + mentos.

Très forts ces deux dingues qui nous refont Star Wars. Pas les mêmes budgets mais les effets sont vraiment pas mal.

Toujours dans la série "je refais des fictions en vrai", voici la célèbre intro des Simsons

Est-ce que ça appelle vraiment un commentaire ?

Et voici mon préféré Allez savoir pourquoi, il m'a vraiment beaucoup fait rire quand je l'ai découvert ce matin.

L'Oursin Vert

Sous les pavés, l'amour

Ouaip ... je suis pas ... zut, il faut vraiment que j'arrête avec ce tic d'écriture qui consiste à dire "je suis pas" au lieu de "je ne suis pas". Pouf Pouf, je reprends.

Ouaip ... je ne suis pas peu fier de moi pour le titre. En fait, j'y pensais ce matin en prenant ma douche ................... je marque juste une pause pour que vous ayez le temps d'imaginer mon corps d'oursin sous les caresses vaporeuses de la douche ................................................................................... et là je marque un temps d'arrêt encore plus long afin que vous puissiez vous remettre de cette vision (soit parce que vous êtes en extase, soit, et c'est le plus probable, parce que vous êtes MDRAVRSLTCDD (Morts De Rire A Vous Rouler Sous La Table Comme Des Dingues)). Oui, donc, j'ai trouvé ce titre-là ce matin en prenant ma douche et je me suis dit qu'il était vraiment mieux que le trop long "Sur les pavés en bas de chez moi". Sous les pavés, l'amour.

Et c'est marrant que je pense à ce texte-là juste aujourd'hui car, toujours ce matin mais pas sous ma douche, j'ai reçu une suite possible à cette histoire. Notre chère Anita m'a soumis un texte que je trouve très très bien, avec un bon rythme, un style agréable et un bel effort pour garder l'esprit du début. Ce texte, le voici (je vous rassure, je lui ai demandé l'autorisation de le publier ici avant de le faire :-) ) :

Bip… bip… bip… lumière blanche… bip… bip… où suis-je ? ...bip…bip… un
instant je crois que je suis morte… et puis… bip… bip… du monde
s’affaire autour de moi… bip… bip… mal… bip… bip… très mal… bip… bip…
ma tête… ma tête me fait mal… bip… bip… on me parle… je me souviens…
bip… bip… je suis tombée… on me parle… bip… bip… j’ouvre les yeux…
lumière éblouissante… bip… bip… aller encore un effort… des images
floues… je distingue à peine quelques formes… bip.. bip…


Elle n’est pas là. Mais où est-elle ? Les questions se bousculent
dans ma tête. Je deviens fou. Je n’en peux plus. Sortir. Je vais
sortir. Je fais un gros effort pour retenir ses larmes qui inondent
mon visage. Je les essuie brièvement et me lève. En descendant les
marches je continue à penser à elle. Je tente un instant de chasser
les questions qui m’assaillent. Je suis inquiet. Où est-elle ? Je
franchis la porte de l’immeuble. La luminosité devient agressive.
J’ai mal aux yeux. Soudain j’aperçois quelque chose sur les pavés.
Des lunettes. Ce sont des lunettes. Ce sont SES lunettes ! Alors que
je m’approche pour les ramasser mon sang se glace. Une sirène ! Oui,
j’ai bien entendu une sirène ! Elle était là, toute proche. Serait
elle venue pour elle ? Que s’est-il passé ? Mon cœur s’emballe. Je
dois m’assurer qu’elle va bien.


Le brouillard se dissipe. La douleur aussi. Je me souviens maintenant
nettement. Bip… Je suis tombée en bas de chez moi sur les pavés. Un
médecin me parle mais je n’écoute pas. Où est-il ? Bip… Quand je suis
arrivée en bas de chez moi je n’ai pas vu ses rideaux bouger comme
d’habitude. Il n’était pas là, il ne me regardait pas. M’a-t-il
oubliée ? Bip… Pourquoi ? Pour qui ? Trop de questions qui ne
trouveront pas de réponse pour ma tête douloureuse. Bip… J’ai envie
de replonger dans ce flou qui m’empêchait de penser à lui.


Les urgences de l’hôpital le plus proche. Si il lui est arrivé
quelque chose elle est forcément là. Mon cœur va exploser. Pourvu que
je me trompe. Pourvu qu’elle ne soit pas là. Tout me semble presque
irréel. Tout ici est blanc, la lumière est pénible. Il y a trop de
monde. Je la cherche du regard mais je ne la vois pas. Où est-elle ?
Et puis une conversation parvient jusqu’à mes oreilles à travers
d’autres voix indistinctes. Je n’entends que quelques mots mais j’en
suis sûr, on parle d’elle ! Quelqu’un a heurté des pavés ! Ca ne peut
être qu’elle ! Il faut que ce soit elle ! Je me fige. Vais-je enfin
la trouver ? Et soudain… cette voix qui parle d’elle mentionne un
numéro. Elle se trouve dans la chambre numéro 6. Je cours. Je dois
aller voir comment elle va.


Je referme les yeux, essayant de chasser toute pensée. La douleur
s’estompe. Le flou est toujours là mais différent. Je dois être
droguée. Ils ont du me droguer pour que la douleur soit supportable.
Les bruits. Les bruits autour de moi sont différents. Je n’entends
plus ces bips qui accompagnaient les battements de mon cœur. Ils ont
du débrancher l’appareil à mon réveil. Je commence à sombrer dans le
sommeil mais quelque chose me retiens. J’ai une impression d’irréel.
Je dois me tromper. Là à quelques mètres, un rideau bouge. Non, c’est
impossible.


Boum… Elle est là. Je l’ai retrouvée. Boum… Elle est dans cette
chambre d’hôpital. J’ai le cœur qui bat de plus en plus vite. Boum
boum… Je tiens ses lunettes dans la main. Boum boum… Je n’ose plus
bouger. Boum boum… Je pousse légèrement ce rideau qui nous sépare.
Boum boum… Elle est si proche maintenant. Je distingue même sa
silhouette à travers le tissu du rideau. Boum boum… Vais-je enfin
oser ? Elle doit être endormie. Boum boum… Oui certainement. Et si
j’entre… Boum boum… si j’entre, elle ne me verra pas. Aller, courage.
Boum boum…


Je ferme les yeux, j’essaye de tout oublier, je dois dormir. Tous
ces bruits… des voix… des chocs. Un petit grincement. Plus proche que
les autres bruits. Je dois dormir. J’essaye de me concentrer sur ma
respiration pour me calmer. Des pas. Je dois dormir. Je n’y arrive
pas. Quelque chose me retient. J’ouvre alors de nouveau les yeux.
Sans savoir pourquoi, je ralentis, je prends mon temps pour ouvrir
les yeux.


Elle est là. Si belle. Toujours aussi belle malgré tout. Malgré cet
environnement blanc et froid. La pièce est lumineuse mais seul le
rayonnement de ses traits compte. Elle est si belle. Je suis sûr
qu’elle dort. Je peux approcher. Je suis à un mètre d’elle. Je n’ai
jamais été aussi proche d’elle. Je suis si occupé à la regarder que
je n’ai pas remarqué que son visage a bougé. Elle… elle me regarde !


Merci beaucoup Anita pour ce texte et encore bravo. En plus, je suis sûr que L'Ami sera heureux d'enfin lire une histoire qui se termine bien :-)

L'Oursin Vert

lundi, juin 12, 2006

A ma voisine

Bon anniversaire Prout-Prout

Eh oui, vous avez bien lu, c'est aujourd'hui l'anniversaire de ma voisine adorée (j'ai failli écrire "préférée" mais je n'en ai qu'une alors je ne suis pas sûr que le compliment eût vraiment compté). Bon anniversaire chère voisine, chère Prout-Prout, chère plume vagabonde, chère amnésique (c'est comme ça qu'on dit pour ceux qui ont des problèmes de mémoire ?), chère amie, chère hôte d'un soir (ben quoi ? Tu ne crois tout de même pas que tu vas pouvoir faire la fête toute la nuit, faisant trembler nos murs mitoyens, sans que je ne vienne à ta soirée ?), chère araignée au plafond de nos imaginaires, cher sourire du matin, … et quand je dis "chère", ce n'est pas parce que ça me coûte de le dire, non, c'est vraiment que je le pense.

En fait, certains lecteurs de ce blog ne le savent peut-être pas mais si je suis ici, si j'ai enfin posé mes cartons dans cet appartement de mots, c'est grâce (à cause ?) de toi. Au début, j'avoue, je ne connaissais pas du tout le bâtiment. C'est en fréquentant une boîte plutôt … euh … cool, que je suis tombé sur notre Prout-Prout. A la fin de la soirée, je l'avoue, je l'ai suivie jusqu'à chez elle sans qu'elle n'en sache rien. Et là … quel bonheur ! Quelle joie pour mes petits yeux ! Quelle exaltation pour mon amour des mots ! Quelle jouissance de l'imaginaire ! Quel orgasme littéraire ! Euh … je m'égare un peu là non ? Bref, je suis tout de suite tombé sous le charme de son blog, de son univers, de sa façon d'écrire, de son talent, de sa folie. Alors voilà, j'ai choisi mon appartement juste pour la voisine :-) Et depuis que je suis ici, je n'achète plus de sucre, plus de sel, plus de café … juste pour avoir le plaisir d'aller en demander à ma voisine. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je me lève si tôt le matin. Quand il est pour moi l'heure de prendre mon premier café que je n'ai pas, mon amie Prout-Prout, elle, dort encore. Alors quand je viens gratouiller sa porte pour quémander un peu de poudre noire, elle vient m'ouvrir très peu vêtue … juste un peignoir rose avec des lapins verts dessinés dessus et des pantoufles bleues en forme de vaches (ce qui lui pose beaucoup de problèmes pour marcher puisque, comme vous le savez, les vaches sont homosexuelles. Essayez donc de marcher avec des pantoufles qui se grimpent dessus sans cesse !). Aaaaahhhh ma Prout-Prout ! Les cheveux hirsutes, le peignoir de travers, quelques spécial K désespérément accrochés à son improbable tignasse, les pieds mélangés, les idées dans le même état … et bien même comme ça je t'adore ! Bon, c'est pas une raison pour rester comme ça tout la journée ;-)

Bon anniversaire Prout-Prout. Et, à titre personnel, merci. Merci d'avoir ces élégantes attentions qui font de toi un être d'exception. Merci d'être aussi douée dans les éclats de rire fous que dans les tendres sourires bienveillants. Merci d'être la présence discrète qui rassure. Merci pour ton optimisme contagieux … et merci de l'injecter de force si jamais la contagion semble trop lente ;-) Merci d'être la voisine dont tout le monde rêve. Merci pour toutes ces raisons que je garde pour nous (en fait, j'utilise ici le mot "nous" juste pour rendre les autres complètement fous de jalousie ;-) ). Ah oui ! Et surtout merci pour le sucre et le sel … ben oui, pas pour le café puisque tu n'en as pas; ce qui ne m'empêche pas de venir chaque matin t'en demander.

Ah zut, et mon cadeau d'anniversaire ? Ben oui, il faut bien que je t'offre quelque chose. Euh … Ah oui, je sais. Souviens-toi, il y a très très longtemps, tout au début de notre histoire (re-crise de jalousie ;-) ), quand je n'étais pas encore ton voisin mais que je venais déjà régulièrement chez toi. Oui, souviens-toi … je ne cessais de me ridiculiser en chanson. Et tu croyais franchement être débarrassée de mes sérénades ? Héhé ;-) La preuve que non :

Hum ….

Euh ……

Well ….

Joyeux anniversaire, Prout-Prout
Que j'ai rencontrée au mois d'août

Ouais, non, c'est vraiment nul comme début puisqu'on ne s'est pas du tout rencontré au mois d'août. Bon, je recommence.

Joyeux anniversaire Prout-Prout

En même temps, il y a pas grand-chose qui rime avec Prout-Prout. Ca t'embête si je t'appelle Georges ?

Joyeux anniversaire Georges

Avec Georges non plus il n'y a pas grand-chose qui rime en fait. C'est d'ailleurs bien ça qui l'embête, notre pauvre Georges. Enfin bref, je crois que je vais changer le début de la chanson.

Chère Prout-Prout, joyeux anniversaire (héhé)
Nos vœux les plus sincères (euh … c'est du déjà entendu ça, non ?)
Nous promettons d'être sages
Comme des petits moutons (hein ???? Mais qu'est-ce que je chante moi ???)
Comme vous l'étiez à notre âge (c'est pas une chanson, c'une une compil')
La tête pleine de boutons

C'est pas sérieux comme chanson. En fait, non seulement c'est pas sérieux mais, surtout, c'est complètement nul :-) Bon, on recommence encore une fois mais, si ça ne donne rien, je fais un instrumental et c'est tout.

Dans mon immeuble fait de mots
Il y a des fous, il y a des sots
Pas mal d'imbéciles, ça c'est sûr,
Qui passe l'aspiro sur la culture.
Des acharnés du sms
Des déprimés du sos
Dans mon immeuble fait de mots
Y a pas mal de gens en trop.

Mais y a surtout ma voisine
Ma môme du huitième à moi
Ma dame de Haute-Savoie
Ma drogue, mon héroïne

Dans mon immeuble fait de phrases
Y a ceux qui parlent avec emphase
Et qui remplissent sans cesse les vides
Avec milles autres vides
Incontinents de l'écriture
Ils se perdent en conjecture
De la cave au grenier
Petites flaques dans l'escalier

Mais y a surtout ma voisine
Ma môme du huitième à moi
Ma dame de Haute-Savoie
Ma drogue, mon héroïne

Dans mon immeuble fait de cris
Y a ceux qui gerbent par écrit
Sur tout ce qui n'est pas comme eux
Les trop bronzés, les petits vieux
Les vaches, ces coquines
Au mœurs bien trop libertines
Les intellos et les trop tendres
Bref, sur tout ceux qui peuvent pas se défendre

Mais y a surtout ma voisine
Ma môme du huitième à moi
Ma dame de Haute-Savoie
Ma drogue, mon héroïne

(tous ensemble)

Mais y a surtout ma voisine
Ma môme du huitième à moi
Ma dame de Haute-Savoie
Ma drogue, mon héroïne

Comme tu le vois, je ne me suis pas amélioré ;-) Bon anniversaire ma petite Prout-Prout. Que cette journée soit à ton image … complètement folle et formidable.

L'Oursin Vert

vendredi, juin 09, 2006

Sur les pavés en bas de chez moi

Sur les pavés en bas de chez moi … Des pavés usés par le passage incessant des voitures et des promeneurs. Des pavés torturés par des années à voir des vies passer sans pouvoir s'y accrocher. Des pavés qui sont petit à petit devenus mes complices, me signalant quand ma voisine de palier, juchée sur ses talons hauts, s'approche de l'entrée. Les pavés en bas de ma rue m'appellent alors en claquant de la langue, m'invitant à venir à ma fenêtre pour la voir arriver … elle à qui je n'oserai jamais parler; sans doute parce qu'elle est trop belle, parce qu'elle fait chanter les pavés en bas de ma rue alors que moi, quand je les foule de mes pieds hésitants, je n'écris aucune mélodie. Je me contente de l'observer au travers de mes rideaux, amoureux secret de celle dont je ne connais que le nom et la première lettre du prénom grâce à la sonnette et à la boite aux lettres. C'est ainsi que je suis amoureux de M. Quelle plus belle lettre que ce M qui, simplement par ce qu'elle est, invite à l'amour ? C'est le M de sa Magie, le M de ma Maladresse, le M de tout ce qu'elle rend plus Merveilleux, le M de mon Malheur … le M de nos Mais.

Sur les pavés en bas de chez moi … Des pavés malicieux qui dardent leurs yeux humides sous mes jupes mais que je fais semblant de ne pas remarquer. Des pavés qui se plaisent à rendre ma démarche difficile afin que je prenne le temps quand je passe sur eux. Des pavés qui se sont faits mes complices, petit à petit, jouant avec mes talons hauts en sonnant gaiement. Il est d'ailleurs très difficile d'y marcher avec de telles chaussures, à tel point que j'avais failli les abandonner pour des semelles plates. Mais, un jour, j'ai remarqué un rideau bouger à mon étage alors que je m'approchais de l'immeuble où je vis depuis quelques mois. Et ce manège se répétait chaque jour quand j'entrais ou sortais. A chaque fois que mes talons tapaient les pavés, le rideau de mon voisin de palier bougeait. Il m'observait. Lui que je n'osais aborder. Alors j'ai fini par garder mes talons hauts afin d'être sûre qu'il m'entende … lui dont je ne connais que le nom et la première lettre du prénom. Mais qui es-tu V ? Est-ce que tu ne regardes que moi ou es-tu un curieux qui bondit à chaque pas qui résonne dans la rue ? Sais-tu seulement, mon cher V, à quel point j'ai envie de te découvrir ?

Les pas de M viennent frapper à la porte de mes songes. Il est 17h45 et, comme chaque jour à la même heure, elle rentre de son travail. Mais que fait-elle comme métier ? Au fil du temps, j'ai fini par lui inventer une vie. Je me dis qu'elle est institutrice et qu'elle est adorée par tous les enfants qu'elle rencontre. Je la vois au milieu de tous ces bambins, captivés par celle dont la douceur inonde la classe.

C'est étrange comme on peut faire des choses idiotes par amour, même si l'amour en question est imaginaire. Ca fait presque un mois que je travaille à mi-temps. Je termine tous les jours à midi mais, pourtant, je ne rentre pas avant 17h45, comme avant. En attendant, je flâne dans les magasins, je me promène sans but, je lis dans le petit parc près de chez moi ou dans un café. Mais je n'ose pas rentrer chez moi plus tôt car j'ai trop peur que V ne soit pas à sa fenêtre. J'ai tellement besoin de ses yeux sur moi. Même voilés par son rideau, les regards de V sont une caresse exquise que ma peau me réclame sans cesse. Me priver de cet instant serait me priver du seul petit lien qui nous uni.

Je vais à me fenêtre, tremblant comme un adolescent qui va à son premier rendez-vous. Mon ventre se remplit d'une boule énorme qui ralentit mes pas. Pourvu qu'elle ne me voie pas … et en même temps, j'aurais tellement envie qu'elle me regarde en souriant … mais si elle ne souriait pas en me voyant l'observer ? Mon cœur accélère, marque un temps d'arrêt au moment où mes yeux se posent sur elle, puis repart de plus belle.

Le rideau bouge, il est là. Mon cœur s'emballe comme à chaque fois. Je me sens blêmir. Mon Dieu, que va-t-il penser de moi en me voyant à chaque fois aussi blanche ? Va-t-il remarquer ma nouvelle coiffure ? Est-ce qu'il a remarqué que je l'observais également à travers ces lunettes de soleil que je porte désormais même quand il pleut ?

Elle paraît tellement triste. Sans doute cette impression vient-elle de ces grosses lunettes de soleil qu'elle porte tout le temps comme pour cacher ses yeux rougis par des pleurs incessants. Mais qu'est-ce qui peut bien la faire pleurer ainsi ? Quels sont ses tourments ? Quel cruel mystère se cache derrière les verres fumés de ces lunettes bien trop grandes ? Tiens, elle a changé de coiffure. Une idée terrifiante me glace soudain le sang. Pourquoi ? A-t-elle rencontré quelqu'un pour qu'elle se fasse belle ainsi ? Est-elle amoureuse ?

Comme chaque jour, je prendrai mon temps pour trouver mes clefs afin que ses yeux restent plus longtemps sur moi. Comme chaque jour je marquerai encore un temps d'arrêt juste avant d'ouvrir la porte en tentant de me donner un peu de contenance par quelque pose que j'estimerai me donner l'air pensif. Comme chaque jour je me dépêcherai de monter la volée de marches jusqu'au premier et, comme chaque jour, je ralentirai une fois devant sa porte, tendant l'oreille pour essayer de capter le moindre son, pour prendre la moindre petite partie de sa vie que la porte laissera passer. Comme chaque jour, j'entrerai enfin dans mon appartement et m'en voudrai de ne pas avoir osé, cette fois-ci encore.

Cette fois, c'est décidé, avant même qu'elle ne franchisse la porte de l'immeuble, je sors de mon appartement et fais mine de devoir descendre. Je la croiserai, la regarderai droit dans les yeux en essayant de ne pas passer pour un pervers en manque, puis je lui sourirai en lui disant bonjour. Je me présenterai en lui précisant que je suis son voisin de palier. "Ca vous dirait de passer boire un verre un de ces soirs histoire de faire connaissance entre voisins ?". Oui, c'est décidé, cette fois je lui parle.

Plus que deux petits pas avant d'arriver à la porte. Deux petits pas que j'espère être les plus lents possibles. Mon pied se pose sur un des pavés en bas de chez moi. Un de ces pavés qui, une fois de plus, a eu la gentillesse de signifier ma présence à celui que j'aime de plus en plus sans même le connaître. Mon talon claque étrangement cette fois. Je sens mon pied partir sur le côté. Je ne comprends pas ce qui se passe et lâche mon sac, surprise. Mon corps prend une inclinaison inquiétante. Je tombe. Mon talon a dû glisser sur les pavés trop humides. Mes yeux pourtant ne regardent pas le sol que je m'apprête à heurter mais ils tentent de s'accrocher au regard de mon bien aimé. Il n'est pas là. Mon Dieu, il n'est pas là. Aurais-je donc rêver sa présence durant toutes ces semaines ?

Je suis sorti de mon appartement et j'attends avec impatience d'entendre la serrure céder sous les griffes précises de la clef de celle à qui je vais enfin pouvoir parler. Mon cœur est prêt à exploser mais je tente de maîtriser mon émotion afin de ne pas rester muet une fois qu'elle sera face à moi. Le temps semble se jouer de moi en s'étirant de tout son long. Sand doute est-elle encore occupée à fouiller son sac. Un sac rempli de milles choses si j'en crois le temps qu'elle met habituellement à trouver son trousseau de clefs. Je tends l'oreille. En fait, ce sont tous mes sens qui se tendent, réceptifs autant que possible à tout ce qui se passe autour de moi. Je l'attends.

Ma tête rebondit dans un bruit sourd. Ma vue se trouble puis tout devient noir. Mon crâne renonce au moment de tomber à nouveau sur l'arrête d'un pavé plus haut que les autres. Des craquements. Le silence. Le noir. Mon cœur qui tend les bras mais qui ne trouve rien à quoi s'accrocher. Puis plus rien.

Elle devrait être rentrée à présent. Sans doute a-t-elle reçu un appel de quelque bellâtre plus courageux que moi. Ou alors s'est-elle décidée à retourner auprès de celui pour qui elle s'est fait belle. Je m'assieds sur les marches de l'escalier, mes larmes enfouies dans mes bras. Des sirènes d'ambulance approchent comme pour accompagner le son glacé de mes pleurs. Ma solitude m'attend dans mon appartement. Je décide de la faire attendre encore un peu.

L'Oursin Vert

La griffe de l'artiste (2/2)

(...)

La police à présent est là. Un inspecteur et deux larbins qui courent partout, motivés par l'excitation d'être enfin sur un meurtre. Ils sont sans doute heureux d'avoir été appelés pour autre chose qu'une dispute entre deux alcooliques occasionnels ou pour un accident de la route. Ils sont tellement heureux d'être enfin sur une vraie affaire qu'ils en oublient complètement que le corps qui gît à leurs pieds n'est pas qu'une victime. Non, elle est … était … Sabrina, la femme que j'aime. Une femme qui pleurait toutes les larmes de son corps en regardant Love Story même pour la 200ème fois. Une femme qui riait en voyant mon nez couvert de lait. Une femme qui regrettait de ne jamais avoir su dire "je t'aime" à sa maman de son vivant. Pour eux, ce n'est qu'un numéro sur un dossier, une description enregistrée sur un dictaphone, un cas à raconter aux amis pour rouler des mécaniques. Une vague de violence tente de me prendre d'assaut. Je ne suis plus à une gorge tranchée près. Mais je me retiens. Ils ne m'ont pas remarqué et c'est très bien comme ça. Je préfère les laisser faire le travail, même si celui-ci m'écoeure, et garder ma tranquillité.

L'air frais vient me gifler au moment où je sors. Le ciel, sans doute est rancunier. Je tourne le visage sous ce coup accusateur. Une larme que je n'avais pas remarquée quitte alors mon visage pour aller mourir au vent. Je me sens seul pour la première fois depuis que je t'ai tuée. Bien sûr j'avais déjà été seul avant toi mais la solitude est à présent chargée de ton absence et ça la rend moins supportable.

Qu'ai-je fait ? Mon Dieu, qu'ai-je fait ? Ai-je vraiment donné à notre Amour l'éternité qu'il méritait ? T'ai-je vraiment sorti des griffes de celui que tu as cru aimer ? Je suis un assassin. Mais mon crime est double puisqu'en t'ôtant la vie, c'est aussi une partie de moi que j'ai tuée.

J'avance dans les rues sans vraiment savoir où je vais ni même où je suis. Me perdre. Quitter tout repaire. Echapper à cette nouvelle vie qui m'ouvre ses bras décharnés. Ne plus rien ressentir. Eviter toute émotion qui ne soit pas de l'amour pour toi. Je veux dédier mon cœur à ta mémoire pour toujours. Je ne veux plus rien. Je n'attends plus rien.

Je sens soudain un regard insistant posé sur moi. Je ne l'avais pas remarqué tout de suite mais le vent s'est fait le complice de ce regard en m'apportant un parfum que je connais très bien. La personne qui me regarde porte le même parfum que le tien. Un parfum subtil où de timides fleurs suivent sagement les essences de vanille. Je relève la tête et vois une femme juste devant moi, me regardant avec un sourire ému. Elle s'approche. Je reste figé sur place. Perplexe. Absolument pas préparé à ces yeux sur moi. Elle tend une main vers moi en dit : "Ooooh quel mignon petit chat".


L'Oursin Vert.

jeudi, juin 08, 2006

La griffe de l'artiste (1/2)

Pistil blanc dans sa corolle rouge. Juste une virgule maladroite dans une phrase morbide, ton corps à la peau diaphane contraste avec le rouge intense de ton sang. Tu es comme l'iris blanc d'un œil brûlé par la mort. Je t'observe, silencieux, songeur et étrangement serein. Je viens de te tuer, toi que j'ai tant aimé, et, pourtant, je me sens bien, comme libéré de quelque chose, un peu comme après un orage quand le temps semble couler plus lentement et que la vie reprend son souffle calmement. Même au moment de te trancher la gorge, je n'ai ressenti aucune rage, aucune fureur, mon cœur n'a été pris d'aucune frénésie. J'ai juste tranché ta nuque, d'un geste vif qui repasse à présent très lentement dans mon esprit. Je sens encore le moment précis où ta peau a cédé, l'instant où la chaleur de ton sang a envahi mon visage en milles petites gouttes. Je revois encore très nettement ton regard, d'abord surpris puis effrayé quand tu as compris ce qui se passait. Et puis le son mou de ton corps désarticulé qui heurte le sol. La pièce entière était comme suspendue, flottant dans un autre monde, dérivant sur le lent courant d'une rivière de silence. J'ai reculé pour ne pas être rattrapé par ton sang qui se répandait lentement sur les pavés du salon. Un dernier tremblement puis plus rien. Tes yeux se sont éteints dans mon regard, pleins d'incompréhension et de questions qui auront l'éternité pour chercher une réponse.

Les sirènes se rapprochent. Dans quelques instants, la police sera là. Sans doute un voisin alerté par un cri que tu aurais poussé mais que je n'aurais pas entendu, trop absorbé sûrement par ta grâce qui se fanait d'un coup. Ils seront là, ces policiers aux regards froids qui chercheront eux aussi des réponses sans même s'apercevoir à quel point tu es belle. Ils ne comprendront certainement rien. Ils ne se poseront pas les bonnes questions. Ils ne respecteront même pas ce silence qui te va si bien. Je les regarderai un instant piétiner notre vie, fouiller dans notre histoire, saccager ce qui reste de nous et puis, las, je partirai, je quitterai pour la dernière fois notre appartement. Sans doute retournerai-je dans ces endroits où nous avons accroché quelques souvenirs. Je m'attarderai sur ce banc où tu aimais tant lire tandis que je me lovais contre toi. J'y retrouverai nos instants de complicité, comme accrochés dans le vide, des petites bulles qui attendent à présent ma mémoire et dans lesquels je retrouverai toutes les émotions intactes. Je t'ai tellement aimée. Je t'aime tant. Alors que toi …

La première fois que je t'ai vue avec lui, c'était dans ce café en face de cette horrible fontaine en forme de poisson. Je me promenais dans le coin sans avoir vraiment de but précis. J'ai regardé distraitement par la fenêtre du bistrot et je vous y ai vus. Ca m'a fait un tel choc que je me souviens en avoir eu physiquement mal. Mon ventre et mon cœur se sont serrés comme deux poings qui me frappaient le corps de l'intérieur. Une main froide a parcouru mon corps, faisant se dresser tous les poils de mon corps. Tu étais là, plus belle que jamais, plus souriante que tu ne l'avais jamais été avec moi. Tes yeux s'accrochaient à ses sourires de bellâtre. Tu buvais ses mots que j'imaginais pourtant insipides. Il était beau, bien sûr, surtout pour ceux qui aiment les beautés aseptisées. Il avait tout de la couverture de magazine. Si ça n'avait pas été totalement incongru dans le lieu où vous vous trouviez alors, je suis sûr qu'il aurait pris sa planche de surf pour parfaire le tableau. Tout de lui me répugnait. Son gel était immonde, son parfum, bien que ne passant pas la vitrine du café, m'écoeurait. Ses regards, surtout, m'insupportaient. Il te déshabillait des yeux, il parcourait mentalement les courbes de ton corps. J'aurais voulu te crier de ne pas le regarder. Je voulais bondir vers toi pour t'ouvrir les yeux sur ce type visiblement plus intéressé par ta plastique que par ta personnalité. J'aurais voulu te sortir de ses regards et de ses sourires fabriqués mais je n'ai rien fait. Je suis resté pétrifié sur place, silencieux, le cœur à l'arrêt et je n'ai rien fait. Un instant plus tard, je baissais la tête et continuais mon chemin. Abattu, j'étais absent de tout. Seule comptait cette tristesse qui semblait vouloir prendre ta place dans mes pensées.

Quand tu es rentrée au soir, tu ne m'as rien dit. Tu flottais sur un nuage duquel tu ne me distinguais même plus. Tu souriais dans le vide, les yeux pétillants de bonheur. Je voyais même ton chemisier vibrer au rythme fou de ton cœur. Je me suis mis à la fenêtre pour regarder la ville, comme pour me plonger dans la vie des autres, petits théâtres involontaires dont j'étais le spectateur puisque le rôle le plus important de ma carrière venait de m'être retiré. Tu as lu un peu mais, incapable de te concentrer, tu as fini par poser ton livre pour aller prendre un bain. Pour la première fois de notre vie commune, tu as fermé la porte de la salle de bain. C'était comme si tu venais de me fermer la porte de ton cœur, la porte de ton intimité, la porte de ta vie … l'accès à ce "nous" que j'aimais tant. Tu ne m'as rien dit au moment où tu es allée te coucher. Tu n'as même pas remarqué que je n'étais pas venu te rejoindre dans notre lit. Les jours qui suivirent ne firent qu'accroître cette distance entre nous.

(à suivre ...)

Bonjour je suis Kounkountchek

Et toujours dans le style "je vais bien tout va bien", voici un petit clip qui fait du bien aux oreilles et aux neurones neurasthéniqués. Il s'agit en fait d'une des chanson de l'excellents groupe Les Wriggles.

L'Oursin Vert.

Just for the fun of it

Mais comment il fait ça ??? Il est fort L'Ami ! Hier, il m'envoyait la chanson "Tata Yoyo" pour remonter le moral. Et vlatypas qu'aujourd'hui, en allumant la radio de ma Tuture-Mobile, je tombe sur Tata Yoyo (enfin, je tombe … question de parler … n'ayez pas peur, elle va bien). C'est fou ça.

Alors bon, du coup, je me sens un peu obligé d'écrire un billet un peu plus joyeux que les précédents. C'est pourquoi je vous ai trouvé une vidéo de dingue. Mais avant tout, il faut que je vous explique. Il y a quelques temps, un fou furieux a découvert une impressionnante réaction qui se produisait en "jetant" un tube de mentos (sans le papier) dans une bouteille de coca (light, si possible, ça marche mieux). Pour ceux qui n'auraient jamais vu cette expérience, vous pouvez parfaitement la réaliser chez vous. Prenez juste soin de faire ça à l'extérieur. Et pour les moins téméraires, voici une des nombreuses vidéos sur le sujet.

Partant de là, deux cinglés géniaux se sont dits qu'on pouvait faire encore mieux. En effet, ils ont décidé de faire une sorte de mini spectacle. C'est complètement débile, parfaitement inutile mais … waw quoi…

L'Oursin Vert

mercredi, juin 07, 2006

L'Evangile selon Oursin

Mes biens chers frères, en ce premier jour post-apocalyptique, je vous le dis, soyez les bienvenus dans cet autre monde. En effet, vous n'êtes pas sans savoir qu'hier était un jour un peu particulier puisque la date (06/06/06) évoquait le nombre satanique (J'en profite d'ailleurs pour souhaiter, un peu en retard, un joyeux anniversaire à Satan (c'est pas vraiment que je crois en lui mais, si jamais il existe, je préfère être pote avec lui histoire d'avoir une bonne place en Enfer)). Et pour les médiums les moins imaginatifs, ce fameux jour devait être celui de la fin du monde. Puisque le monde que nous connaissions est mort hier, j'en déduis que nous sommes, au moins depuis ce matin, dans un autre monde. Un nouveau monde, si vous préférez. Et bien, vous voulez que je vous dise ? Je trouve qu'il ressemble vraiment au précédent. La ressemblance est telle que je n'ai encore vu aucune différence avec celui d'avant. Et ça, franchement, ça me déçoit. Moi qui m'attendais à voir des choses folles. Euh … en fait, je ne m'attendais à rien puisque je ne pensais pas avoir le droit de franchir le passage du précédent monde à celui-ci. Mais bon, dans mes rêves les plus fous, je m'imaginais l'autre monde comme étant vraiment surprenant. J'allais même jusqu'à me dire que ça serait une sorte de monde à l'envers. Un endroit où les canards feraient Nioc-Nioc, où les bulles de Champomy iraient mourir au fond de la bouteille, où le Nutella ferait maigrir, où les oursins écraseraient les bourrelets gonflés au saindoux de ces grosses Allemandes qui répandent leur huile solaire dans nos mers. Oui, un monde complètement dingue où rien ne serait comme avant. Un monde sans con. Vous imaginez ? Un monde sans con ? Un monde où il n'y aurait pas de type comme celui qui a essayé de me tuer ce matin sur l'autoroute ? Franchement, cette apocalypse, elle craint un max. Ca aurait au moins pu être la fin du monde des imbéciles, des enfoirés, des salauds, des crânes rasés qui portent des lunettes dont les verres sont des miroirs afin de compenser leur gouffre intellectuel en faisant en sorte qu'il y ait au moins quelque chose qui réfléchisse dans leur Peugeot bleu. Oui, je sais, je fais une fixation sur ce type mais là, franchement, il m'a énervé. D'ordinaire, j'aurais laissé pisser le mouton (c'est une expression rien que de chez moi ou vous connaissez aussi ?), persuadé que cracher sur les cons c'est surtout un gros gaspillage de salive mais là, voyez-vous, j'ai le cœur faible et la volonté en berne alors, pour une fois, je me permets de vomir sur l'insignifiance de cette espèce de concentré de connerie baveuse. Qu'il sache que je le méprise.

Bon, c'est quand la vraie fin du monde ? Parce que le mien, là, il s'effrite sérieusement … et quand je dis "s'effrite", ce n'est pas un jeu de mots belge.

Allez, m'en vais écouter du James Blunt, ça va me faire rire un peu.

L'Oursin Vert

mardi, juin 06, 2006

(Dé)primesautier

Pourtant il y en a des chansons joyeuses ! Je pourrais faire danser mon neurone à grand renfort de "Tata Yoyo", de "Tirlali Pinpon sur le Chiwawa", de "Haute tension Léon", … Bref, ce ne sont pas les sourires musicaux qui manquent. Et bien malgré ça, quand je ne vais pas bien, je regarde mon neurone au bord du précipice et je le pousse d'un grand coup de chansons déprimantes. Après m'être neurasthéniquer les tympans à James Blunt il y a quelques temps, voilà que je me torture l'esprit avec du Jacques Brel en intraveineuse. Mais attention, je n'ai pas choisi "Les bonbons" ou "Rosa". Non, ce que j'ai choisi pour être bien sûr de déprimer, c'est "Voir un ami pleurer". Le jour où je passe à "C'était l'hiver" de Cabrel, surveillez vos pissenlits, je risque fort de venir en bouffer les racines.

Bref, tout ça pour dire que la chanson de Brel ("Voir un ami pleurer", donc) est certes très belle mais je trouve qu'il y a pire que de voir un ami pleurer. En effet … qu'y a-t-il de pire que de savoir un ami pleurer et de ne pas pouvoir être près de lui ?

L'Oursin Vert

vendredi, juin 02, 2006

Urban legend

Juste pour info, ma voisine Prout Prout vient de nous offrir un texte que je trouve vraiment magnifique. Je vous invite donc à aller y jeter ... non, faite mieux que ça ... à y promener un oeil attentif. Et n'hésitez pas à lui laisser un petit commentaire si vous avez trouver le texte bon, ça l'encouragera peut-être à nous en livrer d'autres :-p

C'est super dur d'écrire un billet après avoir lu le texte dont je vous parle dans le paragraphe précédent. Mais bon, je me suis promis de vous offrir le lien vers une vidéo sympa. Je demanderai juste aux éventuelles blondes de l'assistance de ne pas regarder ce petit film :-)

L'Oursin Vert

jeudi, juin 01, 2006

Jade d'or

Dernièrement, ma très chère Prout Prout lançait un grand cri libérateur sous forme de "je déteste". Elle y citait une bonne partie des choses qu'elle n'aime pas avec, comme toujours, un talent qui rend ses cris mélodieux. Qu'il me soit permis de lui piquer (normal pour un oursin) l'idée (pas taper Prout Prout, pas taper … ) mais en la changeant un peu. En effet, j'ai décidé d'écrire un "J'adore" car je reste persuadé que seul le temps passé à aimer est important.

J'adore …

- quand ma fille me prend dans ses bras trop courts et qu'elle pose sa petite joue rebondie sur mon épaule
- la tendre sensualité d'une parenthèse posée sur Mars
- la beauté d'un amour qui ferait de chaque baiser un premier baiser
- l'odeur métallique de la pluie en été
- la rosée du matin qui s'enfuit silencieusement en une brume légère
- les frites au fromage (là, c'est juste un appel à "L'Ami" avec qui il faut absolument que je retourne manger les seules vraies FOF du monde)
- jouer de la guitare
- imaginer que je sais jouer de la guitare
- inventer que j'ai une guitare
- les matins et leur formidable capacité à faire s'envoler tous les masques
- l'odeur de l'atelier de boulangerie tôt le matin
- les commentaires sur ce blog :-p
- être inondé de mails quand j'arrive le matin

La liste n'est évidemment pas complète mais c'est ce qui me vient en tête pour l'instant.